Piero Cipollone, deputy governor of the Bank of Italy
Les arguments en faveur d'une nouvelle baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) se renforcent, a déclaré lundi Piero Cipollone, membre du conseil des gouverneurs de l'institution, faisant échos à des propos similaires tenus vendredi par son collègue Yannis Stournaras.
La BCE a ramené au début du mois son taux de dépôt à 2,5%, mais elle a donné peu d'indications pour la suite, expliquant que l'incertitude était tout simplement trop élevée pour que la banque puisse se prononcer.
Piero Cipollone fait cependant valoir que les conditions économiques ont changé depuis la dernière réunion de la BCE et que l'inflation pourrait baisser plus rapidement que prévu.
"Des questions clés ont émergé qui ont renforcé les arguments en faveur de la poursuite de la baisse des taux", a-t-il dit dans une interview accordée au journal espagnol Expansion.
"Nous devrions atteindre notre objectif d'inflation plus tôt que ne l'indiquent nos dernières projections", ajoute-t-il.
Les projections fournies par la BCE lors de sa dernière réunion montrent une inflation pour cette année à 2,3%, contre un taux de 2,1% précédemment prévu.
Yannis Stournaras, président de la Banque centrale grecque et membre de la BCE, a avancé vendredi un argument similaire à celui de Piero Cipollone, assurant que tout donne à penser que l'institution procédera à une nouvelle baisse du loyer de l'argent en avril.
Selon Piero Cipollone, depuis la réunion du 6 mars de la BCE, les prix de l'énergie ont considérablement baissé, l'euro s'est apprécié et les taux réels ont grimpé, tout cela contribuant à une baisse plus rapide de l'inflation.
"Et si les Etats-Unis devaient imposer des droits de douane sur les exportations européennes, cela aurait un impact négatif sur la demande, ce qui renforcerait encore la tendance à la baisse de l'inflation", a-t-il plaidé.
De nouveaux droits de douane américains sont censés entrer en vigueur le 2 avril.
"Des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis pourraient conduire la Chine à réorienter ses produits vers le marché européen, ce qui augmenterait la pression à la baisse sur les prix", note également Piero Cipollone.
Les marchés financiers évaluent actuellement à environ 60% la probabilité d'une baisse des taux de la BCE en avril, tandis qu'une nouvelle réduction des coûts d'emprunts d'ici juin est jugée très probable. Les investisseurs prévoient ensuite une nouvelle baisse des taux, probablement en décembre, ce qui ramènerait le taux final de dépôt de la BCE à 2% d'ici la fin de l'année.
(Reportage Inti Landauro; rédigé par Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)
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